Rencontre avec le spécialiste de la paix économique

 

Dominique Steiler, créateur de la Chaire de recherche et d’enseignement « Paix économique ».

· Interviews inspirantes

 

“Dis maman et papa, tu contribues à la paix économique avec ton travail, toi ?”

C’est probablement une des questions que Dominique Steiler (ex pilote de chasse et éducateur sportif, chercheur, maintenant conférencier et conseil de dirigeant-es) aimerait que les enfants posent à leur parents, d’autant plus quand ils sont en situation privilégiée d’influence dans la vie économique : chefs d’entreprise, CEO, C-Levels …

Pendant 45 minutes, nous avons parlé de paix, d’interdépendance, de travail personnel du dirigeant pour faire partir ses décisions d’autres espaces que la peur, mode par défaut de notre cerveau, de courage, … ou encore de comment un dirigeant français a fait échangé en deux jours un dirigeant japonais bloqué dans le Business-As-Usual.

 

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Emmanuel Valls : Comment trouver les ressources pour changer et se mettre au service ?

Dominique Steiler :  “C’est simple, je ne sais pas faire autrement !” (faisant référence à Spinoza)

Si tout le monde n’est pas “connecté”, il est évident que nous sommes tous “connectables”. A chacun de trouver sa pratique de reliance à soi, aux autres et au vivant. Par exemple la pleine conscience, l’art, la beauté, la nature, l’amour …

Discerner ses pensées, émotions, reliances, c’est une façon de créer une sécurité intérieure, et d’être ensuite capable de dire à ses salariés : vous pouvez me dire tout ce que vous voulez, car je suis fondamentalement moi-même en sécurité. Le dirigeant peut alors laisser tomber le costume de super héros, lâcher une peur qui l’emmène dans des comportements inadaptés."

 

Que dire aux dirigeant-es et aux personnes qui ont peur de l’introspection, craignant que leur vie ne soit trop bouleversée si elles osent gratter sous la surface ?

Dominique Steiler : "Avant d’être très musclé, il faut avoir soulevé des tonnes de fonte !! Vous n’avez aucun risque à y aller pas à pas, d’autant que la transformation prend un temps long : nous sommes des plantes. Inutile de tirer … "

 

Comment tu décris ton sentiment face au monde, aujourd’hui ?

"Je suis passé d’optimiste humaniste à pessimiste agissant.

Les nations se réarment à coup de milliards, la crise écologique fait rage : il faut agir au plus vite, et ne pas louper sa cible sur l’écologie, car les guerres viennent souvent des tensions économiques, liées aux tensions sur les ressources naturelles. "
 

Que veux tu promouvoir ?

"Le courage ! Qui vient du cœur, pas de la tête. Et la vulnérabilité : aux hommes bloqués dans une culture viriliste, il donne la métaphore du Samouraï, équivalent de notre mot “ministre”, qui veut dire “au service”. Plus vous êtes en responsabilité, plus cela demande d’être au service des “administrés” (des autres samourai), plus cela demande le courage du sensible, le sabre du discernement.

L’être humain est un être-en-lien, très fortement interdépendant, avec deux potentiels : un collaboratif, un agressif. Le premier ne peut prévaloir que si nous baignons dans une éducation à la Paix.

Notre paradigme actuel est celui de la guerre économique et de la compétition. C’est notre vérité occidentale, à contre-courant de toutes les études anthropologiques : l’éducation, à tout âge, est donc la clé. "

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